Nane et Jean Paul souffrant ont échappé à une semaine calamiteuse. En effet le raid de printemps s’est déroulé, à cause de la météo, sous le signe neige et brouillard et à cause du cuisinier du refuge Branca, dans des conditions plus coliques que bucoliques.
Grace à Yann qui nous a initié aux bases de l’art il nous a semblé naturel de placer le compte rendu sous le signe du Haiku .
Le haïku est une forme poétique très codifiée d’origine japonaise
Il s’agit d’un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses.
Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le tout début du XXe siècle. Les écrivains occidentaux ont tenté de s’inspirer de cette forme de poésie brève. Ils ont choisi de transposer le haïku japonais sous la forme d’un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes
Le haïku doit donner une notion de saison et doit comporter une césure Si le haïku n’indique ni saison, ni moment particulier, on l’appellera un moki.
La personne écrivant des haïkus est appelé haijin , « haïdjin » ou « haïkiste ».
Chacun de nous étant devenu Haikiste pour l’occasion en voici la conséquence :
Yann :
Au fond du talweg
deux lièvres variables
fêtant le printemps
Fenêtre embuée…
contre la vitre un flocon
se mue en larme
Cet hiver s’entête
– Les perce-neige assaillis
par mille flocons
Précipitamment
il ôte son baudrier
– la neige souillée
Une seule langue
six nationalités
– Ils parlent montagne
Pausant sous nos yeux
un chamois brun et trapu
– Issu de nulle part
Martine :
Bombance au refuge
L’estomac n’y parvient pas
La purge assurée
Nuit réparatrice
plus soleil et enthousiasme
TRESERO attend!
Sans Nane et Jean-Paul
Majestueux glacier repose
mais raid compromis!
JPP :
Giboulées d’avril
perturbent nos randonnées
Je reste couché
Espérer quand même
la fenêtre de beau temps
Illusions perdues
Le brouillard revient
Rides des skis sur la neige
Fermeture éclair
Culs blancs museaux noirs
s’esquivent dans le brouillard
Lièvres intermittents
Oreilles dressées
sur la neige inaltérée
Lièvres alarmés
Mardi au matin
dans le ciel resplendissant
Pizzo Tresero
Sommet convoité
accessible à nos désirs
Souhait exaucé
Saisons des amours
Ils batifolent dans les arbres
les deux écureuils
Simon :
Partis sous la pluie
sur quatre places en camion
-Poudreuse et brouillard
Six cent mètres à ski
La nuit des allers-retours
La journée perdue
Deux restent en état
Vers le Palon de la Mare
jalons naturels
Le soleil revient
sur les glaciers magnifiques
Quarante centimètres
Deux chambres à trois lits
Très léger sur les épaules
Finale de rêve
Tunnel et tunnel
sans tangenziale jusqu’au stade
Et Grenoble enfin…