Cinq sociétaires enthousiastes (moyenne d’âge 60 ans) m’accompagnent pour ce retour un peu nostalgique au Mont Aiguille ou je n’avais pas grimpé depuis quinze ans:
D’abord Nane pour qui l’ascension du Mont représente le couronnement de sa carrière d’escaladeuse, puis Pierre qui après ses petits ennuis cardiaques effectue un retour remarqué dans le groupe haut niveau de l’Alpes Club, ensuite Hervé qui a réussi (une fois n’est pas coutume) à échapper à ses contraintes familiales , Roland de retour de Chine apporte la nécessaire touche exotique, et enfin Daniel le novice de service qui n’en revient pas d’être convié à cette formidable aventure.
Le sentier du col du Laupet nous amène au pied de la voie ou déjà 5 à 6 alpinistes attendent leur tour. A 10 h30 nos cordées se forment, et c’est du lourd car Hervé, Roland et Pierre ouvriront le chemin et JP , Nane et Daniel essayeront de les suivre au mieux .Sur les premières longueurs les mouvements sont encore un peu brouillons. Un peu de fébrilité de la part de Daniel qui laisse parfois échapper les dégaines, tandis que Nane peine à ouvrir les mousquetons, mais ils récupèrent néanmoins consciencieusement le matériel. Devant nous l’équipe des « trapus » nous a quelque peu distancé mais bien vite nous les retrouvons car ils sont bloqués par les cordées précédentes. Dans la dernière cheminée Nane nous fait la démonstration de ses talents et nous sidère par son aisance, et sa souplesse.
Enfin c’est la prairie sommitale. Roland s’allonge dans l’herbe moelleuse et récupère de ses efforts pendant que nous rejoignons le point culminant, au bord de la face nord vertigineuse .Pas de lagopède en vue pendant le casse croute, mais un certain nombre de bipèdes qui s’agitent sur la pelouse parsemée de gentianes, de pensées, de tulipes.
La descente est facile mais raide, compliquée par les éboulis qu’il ne faut pas faire rouler sur les copains en dessous. C’est enfin le dernier rappel de 45 m. L’ardent Roland se porte volontaire pour descendre le premier, et il disparaît sous le surplomb pendant que nous devisons tranquillement. Soudain notre béatitude est troublée par une bordée de jurons ! Roland est coincé sur son rappel ! ses vociférations montent jusqu ’à nous.
Aie aie aie ! La troisième corde est dans son sac, impossible de le rejoindre avec des nœuds de blocage car la corde est tendue sur le rocher, impossible de moufler ses 95 kilos, nous sommes dans la M….. Heureusement passé le premier émoi il nous prouve qu’il est un homme de ressource en coupant la corde de son prussik avec une pierre. Ouf, nous sommes soulagés, le reste de l’équipe peut descendre tranquillement.
Course terminée à 18h30 aux voitures dans l’allégresse générale.