Depuis le lieu de rendez-vous habituel, le Carrefour Market de Vizille, nous sommes partis à 8 h du matin, après le débriefing des conditions météo prévues pour la journée (grand beau temps le matin et quelques goutes de pluie l’après-midi) pour Saint-Christophe-en-Oisans. Nous retrouvons Isabelle qui séjourne dans la région.
Afin de commencer les entrainements pour le trek du Sautron, nous avons commencé à marcher depuis le village ce qui nous a permis de découvrir des maisons anciennes joliment retapées et d’autres plus récentes avec de magnifiques parterres de lupins. Le petit parking des Prés à 1650 m était bien plein.
Après avoir traversé le torrent de la Selle sur le pont qui domine les Gorges du Diable nous avons suivi le sentier rive droite qui monte tranquillement en faux-plat. Tout le long du sentier, se sont offert à nous une multitude de fleurs, épilobes, asters, lys, géraniums, orchis, joubarbes, myosotis, gentianes, campanules, arnicas, renoncules et saxifrages.
Le long du sentier, la présence du torrent du Diable se fait entendre. Plusieurs cascades rafraichissantes longent le sentier. Quelques névés (5 au total) ont du être franchis, avec de bonnes traces.
Tout au long de notre montée, nous croisons des alpinistes qui redescendent puisque le refuge de la Selle est l’étape de courses classiques comme le Râteau ou la Tête Sud du Replat, et qui nous font partager avec des étoiles encore dans les yeux, le plaisir de l’ascension qu’ils viennent de réaliser.
Vers 2400 m, des pentes plus soutenues mènent au refuge posé sur un promontoire. L’environnement devient plus minéral et nous sommes rentrés dans le monde de la haute-montagne. Deux groupes se sont formés. Yolande, Joël et moi-même avons poursuivis jusqu’au refuge. Tandis que Babette, Isabelle, Agnès et Danielle profitaient du panorama de la vallée. Depuis le refuge, nous avons pu contempler le cirque glaciaire avec le Pic de la Grave (3667 m) au Râteau (3809m) et les Têtes du Replat (3429m). Après un rapide déjeuner au refuge nous avons rejoint le reste du groupe. Des chamois au bord d’un névé se sont montrés. Les abords du village nous ont offerts de beaux points de vue sur l’Alpe du Pin.
Retour à Saint-Christophe et pot à la Cordée chez Marie-Claude avant le retour sur Grenoble. A part quelques gouttes de pluie, le temps est resté très clément sans grosse chaleur.
Merci à Agnès, Babette, Danielle, Isabelle, Joël, et Yolande d’avoir partagé cette journée avec moi.
Anne
Lien pour les photos : https://photos.app.goo.gl/hFh6arKQS3e3HHcn7
Histoire du refuge de la Selle (2673 m) d’après le livre Histoire des refuge du massif des Écrins d’Alain Marmonnier que je vous recommande
Le refuge de la Selle se compose actuellement de 2 bâtiments distincts : l’ancien refuge en pierre (près duquel nous avons pique-niqué) et le nouveau plus important en préfabriqué recouvert d’aluminium, agrandi en 1995 d’une extension futuriste pour partie surplombante.
L’idée d’un tel refuge se heurta très tôt (16/08/1877) aux réticences du conseil municipal de Saint-Christophe et de son maire Rodier qui ne donna qu’un accord conditionnel à sa construction prétextant que les habitants de Saint-Christophe craignaient que son existence ne serve de base arrière aux malandrins de toute sorte, dont les voleurs de bétail. Le maire se réservait « le droit de faire démolir le chalet en cas qu’il surviendrait quelque inconvénient de ce genre au sujet de cette construction » (lettre de Rodier à la STD en date du 16 août 1877).
Le premier refuge de la Selle fut finalement construit en 1878 par la Société des touristes du Dauphiné (STD). Construit en pierres et de petites dimensions, cinq mètres sur trois, il pouvait accueillir 10 personnes. Il a ensuite été abandonné, détruit et remplacé par un 2e refuge sur le même emplacement, qui sera inauguré en 1934 (l’actuel refuge d’hiver). Nouveauté technologique : l’installation d’un double vitrage sur des fenêtres sans volets. En 1949, une annexe lui a été ajoutée pour loger le gardien. Pierre Paquet et Pierre Brun et sa famille, tous deux guides de haute montagne, veillèrent pendant des décennies à son bon fonctionnement. Le ravitaillement s’effectuait à dos de mulet.
Une troisième tranche de travaux débuta en octobre 1967 pour augmenter la capacité d’accueil du site. Un nouveau procédé de préfabrication fut utilisé : le matériau d’ossature consistait en béton alvéolaire, l’aménagement intérieur et le revêtement intérieur étaient en bois. En 1968, pour la première fois, 40 tonnes de matériel depuis les Deux-Alpes furent acheminées par héliportage. Cela constituera une nouveauté et un tournant dans la construction et la logistique des refuges.
Une 4e tranche de travaux s’avérera nécessaire pour pallier les défauts de ce refuge : cuisine sous-dimensionnée, salle à mangée exiguë, logement des gardiens inadapté. Pour maximiser le peu de surface disponible abritée des avalanches sa construction se fera en surplomb partiel. La construction durera 2 ans de 1995 à 1997 avec un coût final qui avoisinera les 4 millions de francs (dont un tiers pour les seuls héliportages).