Une petite pensée pour Martine qui a voulu faire connaissance de façon plus intime avec les pierriers des Alpes du Sud et qui s’est retrouvée griffée, couturée, meurtrie et donc indisponible pour le Gioberney. C’est donc a 5 que nous nous retrouvons samedi 15 sur le chemin de la Pilatte, sous une pluie régulière qui nous accompagnera jusqu’au refuge. Nous sommes les seuls visiteurs pour la soirée, et nous devons composer pour trouver notre place, le groupe de gardiens s’étant lancés dans une entreprise de rénovation des murs du refuge qui a l’air de primer sur l’accueil des clients. Il faut donc prendre garde à ne pas percuter les pots de peintures qui jonchent le sol, se partager un des radiateurs pour sécher les affaires trempées (l’autre étant recouvert de peinture fraiche), et nettoyer nous même les tables qui ont servies d’escabeau pour la peinture du plafond. Une petite révision de techniques alpines diverses nous permet d’atteindre l’heure du repas (végétarien) qui nous est servi dans une belle salle attenante : soupe de betterave rouge et céleri, suivi d’un Dahl indien: riz blanc, légumes vapeur et lentilles. La montée sous la pluie nous ayant épuisés, nous partons immédiatement nous coucher avant qu’on nous embauche pour repeindre le mur.
Dimanche réveil 5h. Le ciel est toujours brumeux mais il ne pleut pas. On nous a préparé des thermos, (le staff du refuge récupère de sa journée de rénovation) eau chaude et café, avec quelques tartines. Départ à 6h30 dans un brouillard un peu glauque en suivant les points rouges indiqués dans le topo, qui nous amènent très précisément par des passages raides, techniques et câblés sur le glacier de la Pilatte où nous n’avons rien a faire. Julia, Daniel, et Jean-Michel font entendre à ce propos quelques velléités d’abandon, faisant valoir le temps, le rocher glissant, mais le commissaire reste sourd à leur requête et tout le groupe remonte au refuge et repart, cette fois avec le bon itinéraire. Le sentier suit de grandes rampes caillouteuses et escarpées et se perd périodiquement pour réapparaitre un cairn plus loin.
Le glacier est enfin atteint. Il y a 5 à 7 cm de poudreuse collante avec de la glace dessous. Pour les débutants c’est un peu stressant d’autant que le cirque glaciaire résonne du bruit des coulées qui dévalent d’on ne sait ou. Un rayon de soleil traversant le brouillard nous accueille au col du Gioberney. Nous en resterons là, car les 200 m d’arête rocheuse qui suivent pour atteindre le sommet semblent sinistres et inquiétant dans le brouillard et ne sont pas encore du niveau psychologique de tout le monde. Il est 10 h. A midi nous sommes au refuge et à 15h aux voitures, sans avoir vraiment vu le soleil.
Ils m’ont courageusement accompagné, Julia, Eddie, Daniel, Jean Michel S.
JPP